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Economie

On l'a compris, l'ancien village des Salles-sur-Verdon avait une position privilégiée au c\oeur d'une plaine fertile, le village s'était donc naturellement spécialisé dans l'agriculture. Selon F. Simian, dans la première moitié du XXesiècle sur les 1200 hectares que comptait la commune, les terres les plus fertiles étaient possédées par quatre familles qui employaient des fermiers, la majeure partie des habitants possédaient quelques lopins de terres, ainsi dans cette première moitié du siècle la plupart des paysans étaient pauvres. Selon A. Latz, le nombre de petites exploitations de moins de cinq hectares a fortement diminué durant tout le siècle, «en 1930 il y en avait 71,4% et en 1962, 35,6%»[Latz, 1979 : p.36].

Au début du siècle, les cultures étant très diversifiées, elles permettaient d'apporter un certain nombre de matières premières pour l'artisanat local. Selon F. Simian l'osier abondait et il était utilisé pour faire des objets en vannerie et du matériel de pêche. On pratiquait également l'élevage du ver à soie jusqu'à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale. Cette activité était essentiellement réservée aux femmes, les hommes les aidaient seulement à ramasser les feuilles de mûrier. La sériciculture se pratiquait au mois de juin et les Salloises se faisaient un bon revenu avec la vente de leur récolte.

Sur le territoire de l'ancien village on pratiquait la polyculture : blé, avoine, froment, pommes de terre, luzerne, sainfoin, pré, vignes et truffes ; on pratiquait également l'élevage, d'après F. Simian, on comptait quatre troupeaux de moutons et le boucher du village possédait également un troupeau de mille bêtes, ce qui lui permettait, entre autre, d'alimenter son commerce. Selon M.G. il y avait aussi quelques vaches au village, qui fournissaient les habitants en lait. En fait, on peut dire que les Salles-sur-Verdon avaient une économie essentiellement vivrière, et «même pendant l'occupation allemande, les Sallois n'ont pas souffert comme à la ville. [...]Cultivant le blé, ils pouvaient se procurer de la farine chez le meunier Ruffin et avoir du pain chez le boulanger Taxil. Grâce au troc, ils pouvaient se procurer pâtes, riz, café, sucre, ect.»[Simian, P.4]

La principale culture aux Salles était donc le blé, les champs de blé étaient situés au nord-est du village, là où il y avait le moins d'eau. Quand venaient les moissons, on entassait les gerbiers autour des aires où ils étaient écrasés par des meules tirées par les chevaux. Aux Salles, l'aire la plus importante était celle du Barda, située à proximité du Valla, où les femmes avaient l'habitude de faire la lessive. Après l'occupation les propriétaires se sont groupés pour acheter une batteuse et ainsi faciliter le travail sur l'aire.

La culture de la lavande était également pratiquée aux Salles. Les champs de lavande étaient situés dans la même zone que les champs de blé, et cette culture nécessitait une main d'\oeuvre abondante. A partir du mois d'août, les distilleries se mettaient en marche, elles fonctionnaient 24H/24H. S'occuper des alambics était une spécialité masculine, car il fallait descendre de grands paniers de lavande, les faire bouillir puis les remonter, c'était un travail qui demandait beaucoup de force. D'après F. Simian le village comptait sept alambics et tous étaient situés le long du canal d'arrosage.

L'autre culture pratiquée aux Salles était la vigne, même si les exploitations viticoles n'étaient pas beaucoup étendue (30 a 40 ha de surface), notamment à cause du phylloxéra qui avait décimé les vignobles à la fin du XIXesiècle, cette culture permettait d'embaucher des gens toute l'année. La récolte était amenée à la coopérative d'Aups. En fait, une grande partie des vignobles décimés par le phylloxéra avait été remplacée par des plantations de chênes truffiers. En effet, les terres qui accueillaient jadis les vignes se sont avérées de très bonne constitution pour permettre le développement des spores de truffes. Ainsi, de nombreux terrains ont été plantés de chênes truffiers, ce qui a permis de faire de très bonnes récoltes, et de rapporter un bon revenu pour les mois d'hiver. Selon F. Simian «comme on a planté beaucoup de chênes truffiers, la récolte des truffes est de plus en plus abondante. A la veille du barrage, c'est 4 TONNES DE TRUFFES à 12500 Francs (anciens) le kilo que les Sallois apportent au marché de Riez le mercredi et le samedi»[p.3]. En fait, on ne peut pas parler vraiment de culture de la truffe car une fois que l'existence des spores est attestée, la truffe pousse seule et ne demande que très peu d'attention. En fait c'est la nature qui fait presque tout, pour sa croissance il faut un bon terrain, un temps et une pluviosité adaptés et, pour sa récolte, il suffit d'avoir un animal dressé pour sa recherche. Aux Salles, on avait l'habitude de se servir du cochon pour cette récolte. Cet animal avait alors deux fonctions, il cherchait la truffe pour son maître et était mangé quand il avait bien engraissé.

En plus de ces cultures, il faut préciser que chaque famille possédait un potager à la périphérie du village, entre le Verdon et le canal d'irrigation. Le soin des potagers était réservé aux femmes qui s'occupaient également du ramassage des pommes de terre, de la cueillette des fruits ainsi que des cochons.

L'économie des Salles, basée essentiellement sur l'agriculture permettait de faire vivre plusieurs commerces au village. D'après A. Latz, les 47 activités recensées au village lui permettaient de vivre en relative autarcie. Certaines activités étaient directement liées à l'agriculture (tonnelier, maréchal ferrant, bourrelier, menuisier...). Il y avait également un tourneur, qui procurait de nombreux ustensiles, un coiffeur, un marchand de textiles et de vêtements, deux cordonniers et il était même possible d'acheter un vélo chez le mécano. En ce qui concerne l'approvisionnement en nourriture, on trouvait aux Salles une boucherie, une boulangerie et trois épiceries ; il y avait également un café et une auberge. Une fois dans l'année la foire permettait d'acquérir des produits que l'on ne trouvait pas le reste de l'année. Il me faut préciser que l'artisanat et les commerces étaient bien souvent des activités annexes pour les Sallois, ainsi «on constate dans l'indicateur du Var de 1901 que le coiffeur, le menuisier et le restaurateur ne sont qu'un seul même homme.»[Latz, 1979 : p.35]


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