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L'associationisme

Le nombre des associations ne fait que croître depuis les années 70. D'après M.H. Guyonnet [p.139], le développement des associations en faveur du patrimoine constitue aujourd'hui un véritable phénomène social. Mais aux Salles sur Verdon, les associations sont de tous types, et sont en plus très fréquentées. D'après I. Chiva «Au XIXel'association surgit là où se manifeste une discontinuité sociale quel qu'en soit l'objet. [...]Elle naîtrait donc d'une rupture pouvant aller de la véritable métamorphose d'un groupe social (...) à l'affirmation plus spécifique d'une classe d'âge ou à celle d'un agrégat d'individus aux intérêts communs.»[In Aghulon et Bodiguel, 1981 : p.89]. Cette hypothèse correspond bien à la réalité salloise. Après une longue période de mort sociale, dès les années 90 les associations ont commencé à se multiplier dans la commune. D'après M. Agulhon, dans une certaine mesure, l'urbanisation joue un rôle décisif dans l'essor de la vie associative principalement parce que la forme de sociabilité qu'elle entraîne a besoin de stimuli externes suffisamment importants pour s'exercer[1981 : p.51 à 56]. Ainsi la perte des anciennes habitudes a laissé place à un manque et la présence d'une nouvelle population sont sûrement les causes de cette ferveur associative dans le nouveau village. Mais alors que M. Aghulon pense qu'il est peu probable que les associations se développent au détriment des formes de sociabilité traditionnelle aux Salles on ne peut pas en dire de même. En effet, pour M. Agulhon «Cette sociabilité que nous pouvons qualifier d'horizontale atteignait sa pleine efficacité grâce à l'homogénéité culturelle de la société locale et à la prédominance d'un groupe socio-professionnel». Or aux Salles il y a eu rupture de cette sociabilité horizontale et les associations ont en quelque sorte pris le relais. D'après M. C.«Les différentes associations qui se sont créées aux Salles ont deux fonctions. D'une part elles permettent de redonner vie au village en drainant des personnes venues de l'extérieur, et d'autre part elles ont un rôle au niveau politique et économique. L'association est un tremplin social et économique. En plus elles font vivre le village démocratiquement». Ainsi certaines associations jouent un rôle dans l'avenir du village, comme La Maison des lacs qui tente de mettre en place un projet de développement durable et dont je parlerai plus longuement en dernière partie, et qui apporte un appui à la volonté municipale de relancer le village. Mais on ne peut pas dire pour autant que les associations représentent une forme de pouvoir politique, en fait elles permettent de mettre en évidence les désirs et les attentes du plus grand nombre, pour ainsi dire, ces associations sont les supports d'un équilibre social bancal. Par exemple, l'association Mémoire des Salles a permis de répondre à une attente qui, paradoxalement, n'était pas clairement revendiquée. Et l'association CADE permet de sensibiliser ses membres au respect et à la préservation de l'environnement qui est un enjeu de taille pour l'avenir de la région et donc du village. Bien sûr tous ces problèmes ne peuvent pas être pris à bras le corps par les collectivités locales même si ces dernières ont conscience de leur importance. Ainsi, l'association permet à des personnes sensibles à certains problèmes, et qui ne peuvent pas avoir de poids individuellement, de se faire entendre. Lorsque j'ai demandé à M.A. pour quelles raisons se sont mis en place avec une grande facilité les projets d'Etat à partir des années 50'-60', il m'a dit : «Tout simplement parce qu'il n'y avait pas d'associations efficaces. Il y a quelques années, on a eu un maire qui avait donné l'autorisation à des gens, c'était une sorte de secte, de mettre une croix lumineuse à côté du lac, sûrement à cause du nom Lac de Sainte Croix, ils l'ont mise en place et c'est une association qui s'est occupée de lutter contre ça, et quelques membres sont allés l'abattre. S'ils n'avaient pas été là, sûrement que la croix y serait toujours».

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