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Un destin tout tracé : Le tourisme comme première ressource économique

Alors qu'une grande partie de l'économie varoise était en train de se tourner vers le tourisme, la création de plusieurs retenues d'eau le long du Verdon venait à point pour faire redémarrer l'économie de «l'Arrière Pays».

D'après M. Marié, les projets hydrauliques ont relancé dans le Verdon la question touristique. En 1967 la chambre de commerce de Marseille organise le colloque de Grézoux, événement qui permet aux notables marseillais, reconvertis dans le foncier, de projeter leurs rêves en matière de planification. «Cette assemblée révèle les charmes de la future mariée de l'an 2000 : le "monumental escalier d'eau" de part et d'autre des gorges, élément touristique de classe internationale, la présence de l'eau "aimant extraordinaire des populations", "potentialité infinie d'autant plus que la côte méditerranéenne est saturée"... La solution est le tourisme, mais pas n'importe lequel : celui d'une composition harmonieuse entre Serre-Ponçon et la côte varoise. Aux timides balbutiements des villages varois fait place maintenant la foi triomphale dans la civilisation de loisirs.»[M. Marié, 1982 : p.137]. Ainsi, bien avant la construction du barrage, le Verdon devient une mine d'or pour les promoteurs qui, forts du compte rendu du colloque de Grézoux, se ruent sur les petits villages de la région. Mais face à ce déchaînement, l'Etat prend les devants et créé le 30 juin 1972 la Commission Interdépartementale d'Aménagement de la région Verdon ; «son but étant de définir à partir de l'analyse de la situation socio-économique actuelle les objectifs d'un développement harmonieux des activités et de l'économie, sans porter atteinte à l'inestimable patrimoine naturel, historique et vivant des pays du Verdon»[CIARV, 1979 : p.4]. La CIARV a donc pour mission de calmer les esprits en rappelant que le Verdon n'est pas seulement fait pour les touristes et que les plaisirs de ces derniers devront forcément passer après les fonctions d'utilités prévues au départ et engendrant une instabilité du niveau du lac et des contraintes en ce qui concerne les usages sportifs de l'eau... Mais sachant très bien que le tourisme est un facteur qu'il ne faut pas sous-estimer, la première mission du CIARV est protectionniste, elle a pour ambition de créer un tourisme en douceur, un tourisme qui pénètre lentement le milieu paysan en le respectant. «L'important dans les idées du CIARV est la réapparition d'un monde paysan : la campagne n'est plus comme un vide à remplir de tourisme mais comme un milieu complexe à préserver, à conserver.»[Marié, 1982 : p.140]. Ainsi il faut tenir compte du milieu pour faire un tourisme raisonnable. «Si elle doit être aménagée, il est une absolue nécessité de préserver son caractère originel (paysage, population, style). La région Verdon, c'est le contact avec les choses oubliées et indispensables, elles ne doivent pas devenir autre chose.»[CIARV, 1979 : p.37]. Dans ce même rapport [ibid. : p.65] qui s'attache à étudier le devenir des pays du Verdon, la politique d'aménagement envisagée devait permettre de :

D'un côté, on a donc des promoteurs qui jubilent sur le potentiel de ce nouvel Eden du tourisme et de l'autre, l'Etat, grand planificateur qui tente, après avoir modifié ce territoire de façon spectaculaire, de le protéger et de le réglementer. Entre les deux, la population locale doit se reconvertir, dans une région où la terre était la première ressource, désormais c'est le paysage qui prend le relais. Pour les habitants de l'ex-vallée il faut composer avec cette nouvelle donne, aux Salles peut-être encore plus qu'ailleurs.


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